Les atouts de Belle-Île

Belle-Île, avec ses 20 km de long et ses 9 à 1 2 km de large, possède plus de 50% de toutes les espèces végétales recensées dans notre département du Morbihan. Et pourtant, en superficie elle n’en représente que 1,2%!

Que de fleurs de toute sorte, au détour des sentiers, dans les dunes, au creux des vallons, dans les prairies, les landes et même les jardins !
C’est un festin pour les Abeilles noires, qui varie tout au long des saisons…

Belle-Île en mer

Voici le menu :

  • Au printemps : les saules, les ajoncs d’Europe, les prunelliers, les pissenlits, le trèfle, la luzerne, les arbres fruitiers, l’aubépine, la rose pimprenelle, les plantains, la bruyère…
  • De juin à fin septembre : les ronces, les châtaigniers, toujours les bruyères et les callunes, et aussi les ajoncs de Le Gall, …
  • En fin d’été : le fenouil, les menthes…
  • Et juste avant l’hiver : les délicieuses fleurs du lierre…

Ce patrimoine naturel exceptionnel est un terroir dont la diversité attire de nombreux pollinisateurs sauvages, friands de ses délices ! Car il n’y a pas que les Abeilles noires qui jouent un rôle essentiel dans la reproduction d’un très grand nombre de plantes à fleurs. Il y a beaucoup d’autres insectes pollinisateurs sauvages sur Belle-Île, on en a recensé 93 espèces dont, parmi elles, pas moins de 42 espèces d’abeilles sauvages.

N’hésitons pas à le souligner : par sa situation méridionale et grâce à ses habitats naturels préservés, Belle-Île joue un rôle important pour la préservation des espèces en Bretagne.

Belle-Île en mer

Une agriculture majoritairement extensive

Belle-Île en mer

Il convient de rappeler l’extrême importance de l’agriculture, qui permet aux populations de satisfaire le premier besoin de tout être vivant : se nourrir suffisamment chaque jour, luxe qui n’est d’ailleurs pas le lot de tout un chacun en ce monde. Si cette étape a paru en Europe être définitivement atteinte à l’issue de la seconde guerre mondiale par le développement d’une agriculture mécanisée de type industriel, très fortement dépendante d’énergie fossile et d’intrants chimiques, ce mode de production et les produits qui en sont issus ne semblent plus toujours répondre aux exigences des populations : elles demandent, de plus en plus, des produits résultant d’une agriculture respectueuse du milieu naturel, voire répondant au label BIO.

L’agriculture est ainsi un ensemble complexe qu’il est difficile de résumer en quelques lignes. La présentation ci-dessous ne prétend pas décrire l’agriculture belliloise dans son ensemble, mais plutôt souligner les évolutions engagées pour qu’elle s’adapte au mieux aux changements sociétaux en cours. Le CPIE est l’un des acteurs qui accompagne ces évolutions.

L’agriculture belliloise représente des productions variées :
élevage (bovins, ovins, caprins…), maraîchage, apiculture, arboriculture. Disposant d’une surface agricole utile d’environ 2 900 ha, elle est bien vivante. Activité primaire traditionnellement prédominante sur le territoire, elle a connu au cours de la dernière décennie des évolutions qu’il convient d’analyser afin de nourrir les réponses aux enjeux qui se posent à elle aujourd’hui.

Dans cette analyse, nous suivrons un chemin partant du champ pour aller jusqu’à l’assiette.

Au départ, soulignons la problématique foncière qui pourrait se résumer comme suit : comment assurer une maîtrise du foncier agricole au sein d’un territoire soumis à de multiples convoitises (par exemple, constructibilité des terrains) afin de garantir la pérennité du premier facteur nécessaire à l’agriculture, à savoir la terre ? Plusieurs expérimentations ont été développées qui permettent à ce jour d’engager les communes insulaires dans la constitution de réserves foncières. De fait, si des projets d’installation agricole, souvent centrés autour du monde végétal (arboriculture, maraîchage), se sont concrétisés, d’autres, moins chanceux, ne sont pas arrivés à leur terme, en raison notamment de la difficile recherche foncière.

Un autre effet du temps qui passe sur ces terrains en attente est le développement de la friche qui affecte la biodiversité. Gageons que ces actions puissent freiner son développement.

Il faut noter ensuite la dynamique agri-environnementale dans laquelle l’élevage bellilois, bien que traditionnellement extensif, s’est engagé sous l’impulsion de l’intercommunalité : un Projet Agro-Environnemental et Climatique permet de soutenir les pratiques autorisant la préservation de la richesse fLoristique remarquable des prairies belliloises. La qualité des productions n’en sera que renforcée, d’autant que l’évolution des pratiques (diminution de la fréquence des traitements phytosanitaires) va dans le même sens, même si le défi du tout bio reste entier et complexe à mener.

Les agriculteurs essaient également de renforcer l’autonomie de leur système sur un territoire où le coût d’importation des intrants est lourd. La démarche est parfois difficile sur un terroir délicat rendant complexe la recherche du rendement.

Le maintien de l’abattoir, nouvel équipement abouti en 2010 et porté par l’intercommunalité, est une condition essentielle à la sauvegarde de l’agriculture sur l’île. Une restructuration des filières d’élevage sera nécessaire à l’avenir afin de conforter son approvisionnement en bétail. Ceci passera par la création ou la consolidation d’équipements mutualisés autour des fonctions de transformation alimentaire ou de distribution.

La décennie passée a vu un net développement des filières de proximité avec différentes formes de circuits courts : d’une part, individuels comme le développement des ventes à la ferme et la vitalité des marchés « de plein vent » et, d’autre part, collectifs tels que le point de vente créé par l’association « Au Coin des Producteurs » qui a renforcé un modèle de coopération porteur d’avenir pour les professions agricoles.

Face aux impacts d’un système d’élevage conventionnel basé, entre autres, sur des filières de commercialisation longues et une production faiblement valorisée, diverses initiatives ont vu le jour : ainsi, portée par le Syndicat d’Elevage, se développe une démarche collective des éleveurs pour raccourcir leur filière en mettant en œuvre la transformation locale de leurs produits laitiers, en partenariat avec les acteurs insulaires. D’autres s’engagent individuellement sur cette même voie, gage, dans les deux démarches, d’une plus forte valeur ajoutée.

En effet, sur un territoire au terroir contraint (sols de qualité agronomique moyenne, embruns,…) connaissant un marché touristique à fort potentiel, et dans un contexte d’attente sociétale forte en produits alimentaires sains et locaux, l’agriculture belliloise doit confirmer son engagement dans un système à forte valeur ajoutée tant en qualité environnementale et en image que d’un point de vue économique.

De nombreux chantiers sont à mener dans un avenir le plus proche possible comme, par exemple, sécuriser l’origine des productions belliloises (grâce peut-être à une appellation d’origine), assurer une maîtrise durable du foncier, gage de la pérennité des exploitations, restructurer l’élevage vers une relocalisation et une mutualisation des moyens, et enfin, conduire, selon une démarche globale, du champ à l’assiette, une planification du développement agricole évitant les approches cloisonnées et associant l’ensemble des acteurs locaux. En ce sens, le lien avec le monde de la recherche initié au cours des années 2010, permettra d’aider à la mise en place d’un système alimentaire territorialisé.

Enfin, les groupes d’échanges mis en œuvre, tel que le Comité Agricole Bellilois, représentent des points d’appui afin de garantir la nécessaire compréhension et l’action entre monde agricole, collectivités et société civile. Au sein de celle-ci, les consommateurs doivent être associés plus étroitement au développement agricole sur le long terme. A cette fin, les actions de sensibilisation déjà déployées à Belle-Île (visites de fermes, ciné-débats) devront se renforcer afin de recréer le lien entre notre alimentation et la terre d’où elle vient et de faire comprendre les réalités du monde agricole.

En participant dès 2013 à la création du Réseau Agricole des Îles atlantiques, regroupant agriculteurs, collectivités et structures d’accompagnement des Îles du Ponant, de Ré et d’Oléron, Belle-Île a su ménager une ouverture vers l’extérieur lui permettant, d’une part, de bénéficier des retours d’expériences d’autres îles confrontées aux mêmes problématiques et, d’autre part, de valoriser les démarches qu’elle a mises en œuvre localement.

Dans ce cadre, le territoire bellilois pourra, s’il poursuit la route engagée, faire valoir une certaine exemplarité dans le maintien de son activité traditionnelle, l’agriculture.

Guillaume FEVRIER, Ingénieur agronome, directeur du CPIE de Belle-Île

Les Apiculteurs et le respect de la biodiversité

Belle-Île en mer
Non, la courte vie de notre abeille noire n’est pas un long fleuve tranquille, des dangers de toutes sortes la guettent, maladies, prédateurs, famines…

Nous, apiculteurs, amateurs et professionnels, avons le devoir de l’aider à surmonter tous ces obstacles : apprenons le respect de la biodiversité à nos enfants, encourageons nos agriculteurs à produire propre, …et surtout aimons et respectons notre Île qui est un lieu privilégié : le Conservatoire de l’Abeille noire de Belle-Île.

Chaque voix compte, la vôtre aussi ! pour que la belle histoire des abeilles se perpétue, comme elle le fait depuis des milliers d’années… avant même que les ruches n’existent !